Dans le domaine de l'immigration, l'imprécision des critères juridiques a toujours laissé une grande marge de manouvre aux services chargés de les appliquer. A partir d'une enquête ethnographique, cet article montre que l'existence de discriminations peut découler des interprétations du chef de bureau ou des réactions des agents subalternes à ses instructions. La décision de celui ou celle qui instruit le dossier peut varier selon sa place dans l'organisation du travail, son ancienneté dans le poste ou sa trajectoire sociale. Contrairement à une idée largement répandue, les discriminations ne dépendent pas exclusivement des options politiques ou morales des agents. Dans un contexte d'intensification des cadences, les préférences des agents pour telle catégorie d'étrangers sont davantage liées à des considérations relatives à l'organisation du travail et aux possibilités d'en atténuer la pénibilité.
Dans les coulisses des consulats, des préfectures et des services de la main-d'oeuvre étrangère, l'auteur dévoile la face cachée de cette machine à trier les étrangers. Ceux qu'on éloigne, et ceux qui rejoignent la main-d'oeuvre bon marché réclamée par les employeurs...(extrait de la quatrième de couverture).
L'immigration choisie n'est pas une idée neuve, les politiques de tri des étrangers depuis la Libération répondent au mieux aux aléas des besoins du marché du travailet se traduisent par une précarisation des droits pour les étrangers.La dernière loi en France du 24 juillet 2006 l'illustre parfaitement, si l'on se refère aux dispositions concernant les étudiants ou la carte compétences et talents .En Europe l'ouverture aux immigrés utiles est significative en Espagne ou en Allemagne.
L'objet de cet article est d'appréhender les relations entre l'Etat et les étrangers à une époque où l'immigration ne constitue pas un enjeu du débat public. De 1945 à 1975, le cadre législatif régissant l'entrée et le séjour des étrangers en France reste stable et une part importante de la politique migratoire se décide aux guichets des préfectures, à l'abri de tout contrôle extérieur : à l'époque, ni les avocats, ni les associations n'interviennent dans le huis clos qui se noue entre l'administration et les étrangers. Les fonctionnaires de préfectures sont en permanence amenés à reformuler les règles de droit, les circulaires et les normes administratives, selon leur trajectoire et leur position hiérarchique. Au-delà de ces différences, ils partagent un ethos préfectoral qui structure les pratiques d'attribution de titres et influence les conditions d'intégration des étrangers dans la société d'accueil. (résumé de la revue)
Si les politiques restrictives en matière d'immigration ont mis en évidence ces quinze dernières années l'assujettissement de la politique d'asile à la politique migratoire, le lien entre l'accueil des réfugiés et l'immigration économique sont bien antérieurs. Entre 1945 et 1974 les réfugiés étaient considérés comme une main-d'oeuvre parmi les autres. Les bureaux d'orientation et de placement des réfugiés ont facilité leur intégration sur le marché du travail en pérode de pénurie de main-d'oeuvre, mais dès la fin des années soixante les premières mesures destinées à juguler l'importance prise par les régularisations des étrangers entrés irrégulièrement en France (notamment sanction financière pour leurs employeurs) ne font aucune exception pour les réfugiés. Finalement, il faut attendre la suspension de l'immigration de travail en 1974 pour qu'un régime véritablement spécifique soit accordé aux réfugiés. (résumé de la revue)
Dossier de réflexion sur les droits des femmes et des enfants étrangers. L'accent est porté sur la polygamie, la répudiation et ses conséquences sur le droit de séjour des femmes et sur l'accueil des mineurs algériens ou maghrébins qui ne peuvent être adoptés en France.
Dossier d'analyse critique de la loi du 11 mai 1998 et de ses textes d'application. On note un certain décalage entre les objectifs prometteurs affichés dans les textes concernant le séjour pour raison médicale, l'instauration de nouvelles cartes pour les artistes, scientifiques et l'interprétation très restrictive faite par les préfectures.
Dossier d'analyse sur la population étrangère dans les prisons françaises et sur les conditions de détention des étrangers en centre de rétention administrative après une mesure d'éloignement et en zone d'attente .
En 1990, le Haut Conseil à l'Intégration a fourni un contenu statistique au terme d'immigré en lui associant une définition d'inspiration démographique : "est immigrée toute personne née étrangère à l'étranger". Le critère juridique d'étranger s'est ainsi trouvé, dans le système statistique, relégué au second plan. Une telle opération n'a pu se réaliser qu'au terme d'un long processus d'institutionnalisation auquel sages et experts ont été associés. Fondé sur la distinction entre "Français de naissance" et "Français par acquisition", cette catégorie statistique d'immigré paraît claire et rigoureuse pour les statisticiens mais sa mise en oeuvre soulève certaines difficultés. L'étude de l'évolution dans le temps des déclarations de nationalités, grâce à l'Echantillon démographique permanent, laisse apparaître un flou qui tend à être dissimulé dans les exploitations standards.
Si le terme d'immigré semble recouvrir une réalité bien définie, on peut cependant penser qu'il existe autant de définitions sur l'immigré que de discours sur l'immigré. Ce travail cherche donc à soulever les problèmes posés par la catégorisation des populations immigrées.
Les femmes immigrées connaissent une double discrimination liée a leur condition de femmes et à leur condition d'immigrées, au contexte économique du pays d'accueil.